Il y a quelques jours, alors que je traînais sur les réseaux sociaux, une annonce a attiré mon attention. "Vintage Kilo Sale London" titrait le lien! Sur les quatre mots, trois sont synonymes de joie intense et le quatrième est trop souvent associé à "En trop", mais j'ai choisi de l'ignorer pour le moment. J'ai donc été à la recherche d'informations supplémentaires sur l’événement le lieu, la date et le concept. La prochaine aurait lieu le samedi 13 avril à Hackney Downs Studio dans l'est de Londres. Quant au concept, j'y découvre que comme son nom l'indique, il s'agit de faire des achats à la pesée et non plus au détail. Acheter une seule pièce, c'est tellement 2012! Les tarifs, honnêtes, commençaient à £15/kg puis £10/kg supplémentaire, au delà de 10 kilos! Celles et ceux qui sont habitués à voyager savent que 1kg de vêtements c'est pas énorme si l'on est adepte du cuir, du jean et des gros pulls d'hiver. Si en revanche vous êtes plutôt petites robes légères et chemisettes, vous pouvez refaire votre garde robe pour £30! L'annonce parlait également d'un espace dédié à l'accessoirisation ce qui a immédiatement attiré mon attention. Il faut dire que j'ai un faible pour tout ce qui est vieux pendentifs, bagues, lunettes de soleils, sacs et autres pièces dans ce genre! En plus, quand on sait que dans les friperies chaque pièce n'est disponible que dans une seule taille, il est souvent bon pour le moral que d'essayer des articles qui vous irons quelque soit votre tour de hanche! Il n'y a rien de plus frustrant que d'avoir un coup de cœur pour une robe et de ne pas pouvoir la fermer...L'effet du shopping sur les nerfs est sérieusement sous estimé par les professionnels. Ce sont des véritables montagnes russes émotionnelles qui commencent par l'excitation de la recherche, suivi par la joie de la trouvaille, l'euphorie de la bonne affaire, la panique de l'essayage et la frustration de l’échec...Les plus fortes d'entre nous ont déjà flanché sous la pression! Mais comme nous sommes un peu toute masochistes, nous y retournons. J'ai noté les infos, vérifié ma disponibilité et me suis préparée à ma première Kilo Vintage Sale.
Etre efficace dans ce genre de vente est crucial, c'est la clé, la différence entre une grande réussite et un epic fail. Etre une shoppeuse premium, cela ne s'improvise pas, ça se travaille. Quelques notions de kickboxing ne sont pas superflues, surtout en période de soldes chez Zara. L'apprentissage des langues étrangères peut aussi s’avérer utile, mais ne vous embarrassez pas de trop de vocabulaire, "C'est à moi" "Je l'ai vu la première" "Fuck you" devraient suffire. Noter bien que le dernier est compris par tous mais c'est toujours plus classe de s'adapter à son interlocuteur. Il est important d'aller faire du shopping le ventre vide pour ne pas être gonflée et être sûre de ne pas acheter une taille trop grande. Vous rigolez mais je connais des gens à qui c'est arrivé. Pour leur défense, ils s'étaient fait un bon gros McDonalds, ce qui influent plus sur le corps qu'une salade verte sans vinaigrette. Si vous avez vraiment beaucoup de temps à perdre, je vous recommande de vous entraîner à la fouille en bac. Avoir l’œil affûté et prêt à déceler la pièce rare n'est pas complètement inutile. Et surtout suivez mon credo "Si tu sais pas à quoi t'attendre, prépares toi à tout".
Il est aussi important pour ce genre de vente où, j'imagine, que les cabines d'essayage sont soit optionnelles soit blindées, d'optimiser sa tenue. Je vais développer mon argument en quatre points:
En haut : Un débardeur près du corps afin de pouvoir essayer par dessus et ainsi éviter de se retrouver topless au milieu d'une foule de fashionistas enragées.
En bas: Une jupe, type patineuse, afin de pouvoir essayer par dessous. Pas de flashage de fesses et d'étalage de cellulite, c'est un win win (pour vous et pour les autres clients)
Au pied: Des chaussures faciles à mettre et à enlever. Je choisis généralement des ballerines parce que mes pieds y sont moins vulnérables qu'en slaps.
Au bras: Un cabas pour y fourrer vos effets personnels mais aussi vos trouvailles et pouvoir continuer à farfouiller l'esprit et les mains libres.
NDLR: Eviter de porter une veste militaire acheter dans une friperie parisienne car quand vous la poserez sur le bord 'un bac pour essayer ce super blouson en cuir très 80's, quelqu'un pourrait s'en emparer et l'essayer. Pourrait s'en suivre un moment embarrassant!
Une fois parée à toute éventualité, je me suis mise en route vers ma petite aventure. Overground jusqu'à Dalston Kingsland, a.k.a Hipster central, où les marginaux ne sont pas ceux qui pensent l'être! Je m'avance dans les dédales de barbus, les yeux rivés sur mon iPhone. God save Maps! La vente se situe dans une sorte de zone industrielle qui a l'air plus désaffectée qu'en activité à 15 minutes de la station d'Overground. Tout a l'air fermé et peu accueillant, mais je continue de errer dans la zone jusqu'à tomber sur un petit restaurant. Je rentre en espérant y trouver de l'aide. Seulement c'est blindé parce qu'il est l'heure de bruncher. Pendant mes 5 minutes dans le restaurant, personne ne fait attention à moi malgré mes tentatives. Je quitte les lieux avant de me lancer dans un numéro de claquettes du désespoir! Par chance, je tombe sur une autre modeuse qui comme moi est perdue mais qui a trouvé quelqu'un à qui demander des renseignements. Je la suis donc jusqu'à l'antre.
L'entrée est tenue par deux filles. L'une d'entre elles, blonde peroxydée et visage percé, m'a l'air hostile mais je m'approche quand même d'elle. Sans sourire, elle me demande mes £1 pour l'entrée. Je lui tends et en profite pour ajouter mon nom à la mailing list. Elle me fixe, tampon encreur à la main, impatiente. Je lui tends ma main pour être marquée et procédée. Dans le hangar, il devait y avoir une vingtaine de personnes, têtes baissés dans de grandes bennes. Parsemées en peu partout sur le sol, des piles de vêtements La lumière quasiment inexistante n'était pas vraiment idéale pour faire du shopping. Je me lance et plonge tête la première dans la benne. Je pioche dans les vêtements J'y trouve de nombreux pulls en laine aux motifs douteux, des jupes trop longues pour mes courtes pattes potelées et des jeans tailles hautes qui me rappellent trop ceux portés par une vieille prof d'anglais de Villa Pia. Dans le méli-mélo cohabite également des robes type bal de promo US des 80's et shorts en velours Si les hipsters ne suivent pas les modes, ils sont visiblement aussi insensibles aux saisons. Alors que le soleil brille et que les températures se réchauffent, ils se rencontrent pour acheter des manteaux en cuirs et des vêtements chauds! Je me meus de bennes en bennes, perdant ma foi et mon excitation. Je pars me rebooster au stand bijou.
Strass, blings, paillettes et rouille...voila ce qui est étalé sous mes yeux ébahis par d'infini possibilités. Des bagues par milliers, des broches par centaines, des colliers à ne savoir qu'en faire. J'ai du mal à fixer mon attention sur un seul produit. Je finis par arriver au niveau des lunettes de soleils. Je les essaie toutes les unes après les autres pour finalement me décider pour une seule paire. Alors que j'attends pour payer, je tombe sur l'espace dédié au accessoire pour cheveux en grande partie occuper par des nœuds en tout genre. Trois pour £5, il m'est très difficile de résister mais surtout de n'en sélectionner que trois. Je fais aussi un passage par la table, tout à £1. J'y trouve une chaîne parfaite pour mon pendentif Chanel qui traîne dans ma boite à bijou depuis 2009. Mieux vaut tard que jamais! De nouveau d'aplomb pour ma recherche de pièces parfaites, je me relance dans l'exploration des bennes. Après 30 minutes, j'éternue comme une folle à cause de la poussière et je sais plus où j'en suis dans les bennes. J'ai l'impression d'être dans l'épreuve des vasques de Fort Boyard. J'ai l'impression d'avoir tout fait et je suis frustrée de ne rien trouver. Je décide donc qu'il est temps de retourner à la réalité. Je quitte les lieux, mon nez coule, mes yeux sont rouges et j'éternue à intervalle régulière...Fichus hipsters et leur vêtements poussiéreux!
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