jeudi 5 mars 2009

Trip to Krakow_Part 2 : Auschwitz


Dimanche c’était le grand jour…Je ne le savais pas en me levant mais j’allais vivre une expérience des plus marquantes de ma vie…La visite d’Auschwitz est surement un moment que je n’oublierai jamais. Sur le moment, il est difficile de réaliser vraiment ce qu’il se passe mais depuis les images hantent mes nuits et mes pensées…J’ai essayé d’écrire ce que je ressentais mais c’est tellement indescriptible…Aucun mot ne peut décrire ce qui s’est passé dans ma tête, dans mon cœur, dans mon estomac pendant ces quelques heures... A l’heure qu’il est, même avec du recul je suis toujours incapable de dire ce que j’ai ressenti pendant cette journée…Une expérience marquante que je conseille à tout le monde…Auschwitz fait réfléchir, Auschwitz nous fait sentir comme des merdes parce qu’on se plaint pour un rien (bon ok surtout moi en ce moment), Auschwitz est une preuve supplémentaire que si les humains sont capables du meilleur lorsqu’il s’agit du pire, la raison et l’âme sont en mode off…Bref voici le récit des faits…
« 7h45, le réveil sonne. Ma nuit a été bonne et reposante, ce qui d’après ce que m’ont dit les autres n’a pas été le cas de tout le monde. Préparation rapide et petit déjeuner en 2-2, pas le temps de perdre dans les détails, on a un planning à respecter ! Aux alentours de 9h, nous sommes en route vers Auschwitz. La route se fait sans trop de demi-tour ! Vers 10h30, on arrive à Auschwitz II-Birkenau. On m’aurait donné un coup de massue sur la tête je crois que je n’aurai été aussi sonnée. L’image des livres d’histoire prend vie et s’élève devant moi. Nous sommes arrivés sur le théâtre des atrocités les plus tristement célèbres de l’histoire du monde.
Tous les éléments (naturels bien sur, ce n’est pas une mise en scène) sont présents pour renforcer le sentiment de gènes…Le sentiment d’être quelque part où on ne devrait pas…Le brouillard surplombe le camp, le froid nous pétrifie jusqu’au plus profond (je ne sais toujours pas si je frissonnais à cause de la température ou si c’est l’ambiance), la neige parsemée sur ce qu’il reste du camp…Même l’eau est gelée, rien n’a changé comme si le temps s’était arrêté…On s’avance par l’entrée, on suit le chemin de fer sur lequel le train amenait les juifs vers une mort certaine. De part et d’autres de la grande route, les camps, entourés de fils barbelés (électrifiés à l’époque), quelques habitations ont survécu à la tentative des nazis de faire disparaître les preuves, des autres, ils ne restent plus que les cheminées. Au fur et à mesure qu’on avance dans les différentes allées, j’ai l’impression d’entendre les voix, les cris, les coups de fouets (pour les cris c’était un coq…). J’ai presque peur de m’approcher des granges, comme si j’avais peur de tomber sur un cadavre ou de voir ce qu’il s’y passait, comme un flashback de film.
De nombreuses images, et de séquences de films qui traitent le sujet me reviennent en mémoire. Il est difficile de se dire qu’il y a tout juste 60 ans, des gens étaient traités comme du bétail pour la seule raison de ne pas rentrer dans le moule défini par un seul homme. Quand on regarde par les fenêtres ont à l’impression de visiter une ferme, les habitations ressemblent à des granges ou des hangars…Dire que je me suis plains de la où je vis…J’ai honte ! Les conditions de vie des détenus étaient inhumaines. Tout au long de la visite, je me suis demandée ce que j’aurai préféré, mourir en arrivant ou mourir en travaillant comme une bête…Je suis incapable de répondre à cette question car il est tout simplement impossible de savoir comme réagir dans ce genre de situation…Tout comme il est impossible de savoir si on se serait plié au régime nazi ou si on serait entré dans la résistance…C’est facile de dire avec le recul que les gens de cette époque étaient des lâches mais je pense qu’aucun d’entre nous ne peut affirmer qu’il aurait réagi de tel ou tel manière…Tout ce que j’ai conclu de mes profondes pensées, c’est que survivre au traitement était une forme de résistances, un moyen de dire aux nazis, « tu me traites comme une moins que rien mais moi je m’en fouts, je t’emmerde, je sortirais vivante »…Au bout d’environ 1h, on quitta Birkenau pour aller à Auschwitz I, le premier et plus ancien des trois camps.
Juste une petite parenthèse d’entre deux camps pour faire une remarque. En effet, il y a une autre chose que je ne comprends pas, ce sont les gens qui vivent à côté du camp en ce moment. A l’époque où il était en activité, je sais que les maisons avoisinantes avaient été vidées pour que les SS puissent vivre mais maintenant qu’on sait tout ce qui s’est passé, le nombre incalculable de cendres humaines qui ont été éparpillées partout, dans le sol, dans l’eau…Personnellement, j’en serais incapable. Se lever le matin avec une vue sur ce qu’il reste du camp, se coucher le soir aussi près de ça. Rien que d’y penser j’en ai des frissons.
Revenons à nos moutons, à trois kilomètres de Birkenau s’élève Auschwitz I, premier camp de concentration et d’extermination. L’ambiance est moins étouffante qu’a Birkenau, peut être grâce aux commerces touristiques qui se sont construits autour ! Avant de commencer la visite, on assiste à la projection du film de la libération shootée par les armés russes en 1945 ! Encore une étape difficile…Les images sont criantes de bouleversements et de soulagements…Après plusieurs mois (ils survivaient rarement plusieurs années dans les camps), des centaines de détenus aller enfin retrouver leur liberté. Leurs visages sont émaciés et certains seront marqués à vie par l’horreur qu’ils ont vécue. Mais c’est aussi à ce moment que le monde découvre l’enfer des camps…Les alliés y découvrent les preuves des atrocités que les allemands faisaient subir au juifs, homosexuel, handicapé, résistants de tous pays. De part les témoignages, je me suis demandée si on pouvait survivre après une telle expérience, car non seulement le corps a été éprouvé mais le mental est probablement marqué à vie. C’est un traumatisme irréversible !
Le film est suivi d’une visite du camp de Auschwitz I, qui d’après Michael, le guide, est moins impressionnant car il est vite devenu le centre administratif…C’est vrai qu’en lui-même, le camp n’est pas effrayant ou pesant, mais ce qu’il renferme bat tous les records. On a eu plus de précisions sur ce qu’on avait vu plus tôt (on a fait la visite à l’envers). Il nous expliqua pour chaque salle, son utilité et donna des détails supplémentaires pour nous permettre de mieux imaginer la scène. Les salles se suivent mais ne se ressemblent pas, un coup les lits étaient à même le sol, sur des couvertures pour les plus chanceux, sur de la paille pour les autres, puis le grand luxe c’était les planches en bois qui formaient des sortes de lits superposés. Un espace qui équivaut à un lit deux place pour nous, c’était un 4-5 places pour eux…L’hiver ils se tenaient chaud mais l’été, les températures pouvaient atteindre 40°C. Les toilettes étaient une salle ouverte ou les cuvettes sont alignées les unes à côté des autres, sans la moindre intimité. Les lavoirs ressemblent aux abreuvoirs du bétail. Michael nous explique que tout est d’origine, sauf les murs qui ont été un peu repeints. Tout a été soigneusement conservé, même les tonnes de cheveux retrouvées à la libération du camp. Ces cheveux, récupérés sur les cadavres, avant de les mettre dans le four, étaient utilisés dans l’industrie du textile. La montagne formée par les mèches de cheveux est probablement un des moments les plus durs. Ils sont toujours dans l’état dans lequel ils ont été récupérés, certains sont encore tressés…Dans la salle suivante, une montagne de valises que les nazis récupéraient à la descente du train. Il y a les noms et les dates de naissance sur un grand nombre d’entre elles, ce qui permet de constater qu’un grand nombre d’arrivants avait tout juste 5 ans…Fait confirmé par la vitrine de vêtements d’enfants et celle de chaussures où toutes les tailles sont représentées…Autre moment marquant, la galerie de photos des détenus. Aucun ne laissait transparaitre la peur sur leur visage…Et pourtant la plupart d’entre eux n'ont pas survécu plus de 6 mois.
Morts de faim dans les starvation cells (châtiment pour les malheureux qui restaient alors qu’un avait réussi à s’échapper), morts pendus sur la place publique, morts étouffés ou de fatigue dans les standing cells (à peine plus grande qu’une cabine téléphonique, 4 détenus y étaient enfermés pendant plusieurs semaines, seulement libéré la journée pour travailler…Ils leur étaient impossible de s’asseoir ou de s’allonger), morts tués devant le Death Wall et bien entendu ce sont les quelques causes les plus courantes dans les camps. Il y a aussi la chambre à gaz pour tous ceux jugés inaptes au travail. Dès leur arrivée, des centaines de déportés étaient déshabillés puis enfermés dans une immense salle dans laquelle, ils allaient prendre une « douche ». Ils étaient empoisonnés par un pesticide très dangereux et mourraient dans d’atroces souffrances pendant 15 min. Puis la chambre était vidée pour la vague suivante, pendant que la première était dépouillée puis brulée…La visite de la chambre et des fours crématoires a clôturé cette visite…J’aurais bien dit le meilleur pour la fin mais on ne peut pas vraiment dire que c’était le meilleur…C’était dur, affreux et pas loin d’être traumatisant !
Ces 4 heures ont été éprouvantes mais je ne regrette pas de l’avoir fait. Auschwitz est vraiment un endroit à visiter. »

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