jeudi 13 octobre 2011

Ooohhhhh Stralie

Finalement, quand on y réfléchit bien, le plus dur dans le fait de partir, ce n'est pas tant d'arriver dans un pays inconnu mais plutôt de laisser derrière soi, sa famille et ses amis. Pour moi, la tache a été simplifiée par le fait que je n'aime personne!!

Plus sérieusement, les deux premières heures de vol ont été consacrées inventorier ce que je laisse derrière avec une petite (mais alors vraiment toute petite) pointe au coeur. En même temps, je ne réalisais pas vraiment ce qui m'arrivait grâce à une sorte de léthargie dans laquelle le manque de sommeil et la fatigue nerveuse m'avait plongée. J'étais en plein paradoxe mental où une partie de moi était triste de partir et l'autre partie se disait, "Qu'est-ce qui se passe là?". Finalement, les gens qui restent derrière réalisent plus vite et plus facilement l'ampleur de la chose.

J'ai obtenu mon visa en Avril et mon billet en Mai. S'en est suivi un été de tous les dangers à parler à tout le monde de mon plan. L'attente a été extrêmement longue et extrêmement courte à la fois. J'ai travaillé jusqu'au dernier moment, ce qui m'a permis de ne jamais me retrouver seule avec mes angoisses, ce qui du coup, m'a permit de ne pas en avoir. Les gens autour de moi me poser mille et une questions auxquelles je n'étais pas capable de répondre, sans pour autant que cette ignorance face grandir en moi une quelconque pression. Alors le jour où il a fallu boucler la valise pour partir, j'étais hyper zen. Je me disais que ça pouvait pas être possible, ça n'était sur le point de se produire. Je ne pouvais pas croire que les cinq mois avant mon départ s'était déjà/enfin écoulés. Pendant 28h, je suis passée d'avions en aéroports, d'aéroports en avions...Toujours sans réaliser ce que j'étais entrain de faire. Quelques éclairs de lucidité m'ont mis face à la réalité, mais très vite, je replongeais dans mon innocence caractéristique. Comme si ces nombreuses heures de trajets n'était qu'un rêve et qu'au réveil je serais au chaud dans mon lit à Anglet. Je dis au chaud, parce que dans ces P*%$# d'avion, on se gèle les miches. Même une fois arrivée à Sydney, je ne réalisais toujours pas que j'étais partie pour une année en Australie.

Le mardi matin, lendemain de mon arrivée, je me suis réveillée, sereine et reposée, toujours inconsciente de ce qui s'était passé ces dernières 28 heures. Quand je suis descendue, j'ai été frappé par le nombre d'asiatiques présents, au point de me demander si je ne m'étais pas arrêtée à Singapour par mégarde. Mais là, toujours pas le temps de réfléchir, ma mission de la journée consistait à me trouver un logement si, non définitif, temporaire. Qu'importe où je me trouvais, la condition d'SFD ne pouvait pas être meilleur qu'ailleurs. J'ai repris contact avec des potentiels colocataires, organisé trois visites pour l'aprés-midi, puis je me suis allongée pour reposer mes yeux. Deux heures et demi plutard, je me reveillais de ma sieste pas du tout fraiche et encore moins pimpante. J'aurais facilement trainé au lit toute la journée mais le devoir m'appelait. Un douche, un jean, un tee shirt et j'étais partie pour mes premiers pas dans la ville.

Une fois dans la rue, je ne pouvais plus nier le fait que j'avais quitté la France. Les gens souriants marchaient cool et relax. Ils attendaient que le feu passe au vert, ils s'excusaient quand ils me bousculaient...Définitivement plus la France mais j'y reviendrais dans un autre article. Je monte dans le bus 395 direction Maroubra Junction pour ma première visite. Je sais que je suis dans le bon bus mais je n'ai pas la moindre idée de quand je dois en descendre. J'ai donc passé le trajet les yeux plissés pour essayer de lire les noms de rues. Entre le chauffeur qui roulait à fond et les panneaux cachés, ce fut un exercice périlleux. De plus, étant encore essentiellement entourée par des asiatiques, je priais pour pas qu'ils ne confondent ma grimace avec une sorte de moquerie gratuitement méchante. Bien entendu, j'ai loupé mon stop! Même les yeux mi-clos, j'avais vu venir cet échec. Je descends au suivant puis rebrousse chemin.

Je trouve la maisonnette assez facilement. Le quartier est sympa, résidentielle, plutôt familiale : Idéal pour une attaque nocturne ou un enlèvement! La maison est pas mal, un gros potentiel sous exploité ce qui me fend toujours le coeur. Cinq chambres, deux salles de bain, un salon, une cuisine et un petit jardin...Le tout à 15 min des plages! J'ai connu pire (9m² au 36ieme sans ascenseur et sans toilette à clichy par exemple). Je suis assez séduite, mais j'attends beaucoup de mes deux autres visites dans le CBD. Comme elles ont lieux en fin d'après midi, je profite d'un temps mort pour faire un tour au centre commercial et me prendre un numéro Australien. Ensuite je rejoins le centre, où je marche ("seule" H 60ieme B JJ) en rond, je me perds dans la fôret de building. J'avance sans savoir où je vais. Puis approche l'heure de la seconde visite donc je reviens sur mes pas.

Arrivée devant le 156 Chalmers Street, je trouve déjà que l'immeuble en impose. J'appelle Dave le propriétaire qui descend me chercher au portail. Il me fait visiter la piscine, la salle de gym, le hammam et le sauna. J'ai déjà envie de signer! Mais je déchante vite quand je vois que la chambre n'est pas meublée. De plus, Dave a l'air très gentil mais je me vois mal vivre avec lui. Donc on raye! Direction le troisième appartement...

Au pied du 187 liverpool street, je bloque. Je relis plusieurs fois l'adresse pour m'assurer de ne pas m'être trompée. A la façade, on dirait plus le siège de l'ONU qu'un immeuble pour logement de jeunes. Je rentre dans le hall, où me salue très chaleureusement un receptionniste absolument charmant. J'ai 30 minutes d'avances, donc ce n'est pas pour me déplaire que j'attends, face à lui. Il engage la conversation, soit parce qu'il est subjugué par ma beauté européenne soit parce que je lui fais pitié à poirauter comme une courge. Ayant la tête dans le cul depuis 3 jours et des valises sous les yeux tellement grande que je pourrais y ranger mes 23 kilos de vetements, je me fais à l'idée que je lui fais pitié. Il me parle, je comprends pas tout mais je souris et je hoche la tête, souris et rigole à intervalles régulieres...Potiche jusqu'au bout! Je comprends vaguement qu'il me parle d'un appartement libre près de la plage, je comprends aussi qu'il est personnal trainer et qu'il s'est récemment séparé de sa copine: Globalement l'essentiel! En remettant tout dans l'ordre, je comprends qu'il me propose de visiter la chambre libre dans son appartement à 7h30 le lendemain matin entre deux clients de training. Je lui ais dit pourquoi pas, tout en me disant que jamais je pourrais me lever pour 7h30 le lendemain (erreur, j'étais débout à 4h avec le jetlag). Du coup, il a pris mon numéro, j'ai pris le sien et le propriétaire de l'appartement, que je venais visiter, est arrivé. Encore une fois, un appart avec un enorme potentiel mais très mal décoré. Le propriétaire/colocataire m'explique que je peux partager la chambre et payer 190$ par semaine ou prendre la chambre pour moi seule et payer 350$. Il m'explique aussi que la chambre n'est disponible que mi novembre. Bref, c'est mort. Je continue quand meme la visite par politesse. Il m'amène sur le toit au 30ieme étage. On y trouve une piscine chauffée, un jacuzzi, un sauna et une salle de sport...Mais pas seulement. J'ai sous mes yeux la plus belle vue de Sydney. Et là pour la première fois, je réalise ou je suis, ce que je fais et ce qui m'attend. Un dur reveil face à une spectacle fantastique...

Pour info, j'ai pris la petite maisonnette depuis laquelle je suis actuellement entrain de vous écrire. La chambre du 187 Liverpool Street ne meritait pas les sacrifices que j'étais prête à faire, à savoir : Faire un prêt, vendre un rein, dormir dans un parc en attendant qu'elle se libère et trouvait trois jobs pour payer le loyer.

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